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Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/540

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de vingt ans, deux personnes s’obtenaient à faire chercher un enfant dans le pays.

Quel était cet enfant, Jean le savait, c’était celui de Marie-Anne. Pourquoi ne le retrouvait-on pas, il le savait également…

Mais pourquoi deux personnes ?… L’une était Maurice d’Escorval, mais l’autre ?…

Au lieu de rester une semaine à Sairmeuse, Jean Lacheneur y passa un mois, mais au bout de ce mois il tenait la piste d’un agent de Chefteux, et par cet agent il arrivait jusqu’à l’ancien espion de Fouché, puis jusqu’à la duchesse de Sairmeuse elle-même.

Cette découverte le stupéfia.

Comment Mme Blanche savait-elle que Marie-Anne avait eu un enfant, et le sachant quel intérêt avait-elle à le retrouver ?

Voilà les deux questions qui tout d’abord se présentèrent à l’esprit de Jean. Mais il eut beau se torturer, il n’y trouva pas de réponse satisfaisante.

— Les fils de Chupin me renseigneront, se dit-il ; je me réconcilierai s’il le faut, en apparence, avec les fils du misérable qui a livré mon père…

Oui, mais les fils du vieux maraudeur étaient morts depuis plusieurs années, et après des démarches sans nombre, Jean ne rencontra que la veuve Chupin et son fils Polyte.

Ils tenaient un cabaret bâti au milieu des terrains vagues, non loin de la rue du Château-des-Rentiers, bouge mal famé, appelé la Poivrière.

Ni la veuve, ni Polyte ne savaient rien. Vainement Lacheneur les interrogea, son nom même qu’il leur dit n’éveilla en eux aucun souvenir.

Jean allait se retirer, quand la Chupin, qui sans doute espérait tirer de lui quelques sous, se mit à déplorer sa misère présente, laquelle était d’autant plus affreuse, qu’elle avait « eu de quoi, » affirmait-elle, autrefois, du vivant de son pauvre défunt, lequel avait de l'argent