Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/557

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Il les gagna ces deux minutes… Aussitôt il jeta son arme à terre, et il prenait son élan quand un agent qui avait tourné la maison le saisit à bras-le-corps et le renversa…

De ce côté, il n’attendait que des secours, aussi s’écria-t-il :

— Perdu ! C’est les Prussiens qui arrivent !

En un clin d’œil il fut garrotté, et deux heures plus tard on l’enfermait dans le violon du poste de la place d’Italie.

Sa situation se résumait ainsi :

Il avait joué le personnage de son costume de façon à tromper Gévrol lui-même. Les scélérats de la Poivrière étaient morts et il pouvait compter sur la Chupin.

Mais il savait que le piège avait été tendu par Jean Lacheneur.

Mais il avait lu un volume de soupçons dans les yeux du jeune policier qui l’avait arrêté, et que les autres appelaient Lecoq.

LV


Le duc de Sairmeuse était de ces hommes qui restent supérieurs à toutes les fortunes, bonnes ou mauvaises. Son expérience était grande, son coup d’œil sûr, son intelligence prompte et féconde en ressources. Il avait, en sa vie, traversé des hasards étranges, et toujours son sang-froid avait dominé les événements.

Mais, en ce moment, seul dans ce cabanon humide et infect, après les scènes sanglantes du cabaret de la Chupin, il se trouvait sans idées comme sans espérances…

C’est que la Justice, il le savait, ne se paye pas d’ap-