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Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/560

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dira qu’il est arrivé hier, dimanche, de Leipzig, qu’il est descendu à cet hôtel, qu’il y a laissé sa malle, qu’il y est inscrit sous le nom de Mai, artiste forain, sans prénoms…

— C’est cela, approuvait Martial…

Et ainsi, avec une promptitude et une précision extraordinaires, ils convinrent point pour point de toutes les fictions qui devaient dérouter l’instruction…

Tout étant bien réglé, Otto sembla s’éveiller du sommeil profond de l’ivresse, il appela, on lui ouvrit et on le rendit à la liberté.

Seulement, avant de quitter le poste, il avait réussi à lancer un billet à la veuve Chupin enfermée dans le violon des femmes.

Lors donc que Lecoq, tout haletant d’espérance et d’ambition, arriva au poste de la place d’Italie, après son enquête si habile à la Poivrière, il était battu d’avance par des hommes qui lui étaient inférieurs comme pénétration, mais dont la finesse égalait la sienne.

Le plan de Martial était arrêté, et il devait le poursuivre avec une incroyable perfection de détails.

Mis au secret au Dépôt, le duc de Sairmeuse se préparait à la visite du juge d’instruction, quand entra Maurice d’Escorval… Ils se reconnurent.

Ils étaient aussi émus l’un que l’autre, et il n’y eut point d’interrogatoire, pour ainsi dire. Cependant, aussitôt après le départ de Maurice, Martial essaya de se donner la mort. Il ne croyait pas à la générosité de son ancien ennemi…

Mais le lendemain, quand, au lieu de Maurice, il trouva M. Segmuller, Martial crut entendre une voix qui lui criait : « Tu seras sauvé. »

Alors commença, entre le juge et Lecoq d’un côté, et le prévenu de l’autre, cette lutte où il n’y eut point de vainqueur.

Martial sentait bien que de Lecoq seul venait le péril, et cependant il ne pouvait prendre sur soi de lui en