Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/82

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Il s’interrompit, éclairé par un rapide souvenir.

— J’y suis ! reprit-il ; j’y suis !… Il a une jolie fille, ce Lacheneur…

Martial sourit sans répondre.

— Oui, jolie comme un cœur, poursuivit le duc, mais cent mille livres … jarnibieu !… c’est une somme cela !… Enfin, si vous y tenez…

C’est muni de cette autorisation que deux heures plus tard Martial se mit en route, armé d’un fusil qu’il avait trouvé dans une des salles du château, pour le cas où il ferait lever quelque lièvre.

Le premier paysan qu’il rencontra lui indiqua le chemin de la masure qu’habitait désormais M. Lacheneur…

— Remontez la rivière, lui dit cet homme, et quand vous verrez un bois de sapins sur votre gauche, traversez-le…

Martial traversait ce bois, quand il entendit un bruit de voix. Il s’approcha, reconnut Marie-Anne et Maurice d’Escorval, et obéissant à une inspiration de colère, il s’arrêta, laissant tomber lourdement à terre la crosse de son fusil.

XI


Aux heures décisives de la vie, quand l’avenir tout entier dépend d’une parole ou d’un geste, vingt inspirations contradictoires peuvent traverser l’esprit dans l’espace de temps que brille un éclair.

À la brusque apparition du jeune marquis de Sairmeuse, la première idée de Maurice d’Escorval fut celle-ci :