Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/97

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— Personne assurément… Mais vous réfléchirez qu’un homme qui ne s’est pas trop mal conduit, en somme, a droit à quelques égards…

Le duc parut abasourdi.

— Des égards !… s’écria-t-il, ce maraud a droit à des égards !… Voilà qui est du dernier plaisant. Comment, je lui donne, c’est-à-dire vous lui donnez--car il n’est que juste que vous fassiez la guerre à vos dépens--vous lui faites présent de cent mille livres, et il ne se tient pas pour content, il lui faut encore des égards !… Accordez-lui en, vous qui en tenez pour sa fille… moi je ferai ce que j’ai résolu…

— Eh bien !… moi, monsieur, j’y regarderais à deux fois, à votre place. Lacheneur vous a rendu Sairmeuse, c’est très-bien. Mais où en est la preuve ? Que feriez-vous si, imprudemment irrité par vous, il revenait sur sa parole ?… Où sont vos titres de propriété ?…

M. de Sairmeuse devint vert.

— Jarnibleu ! s’écria-t-il, je n’avais pas pensé à cela… Holà ! vous autres, qu’on me rentre toute cette dépouille, et promptement !…

Et comme on lui obéissait :

— Maintenant, dit-il à son fils, hâtons-nous de nous rendre à Courtomieu, d’où on nous a déjà envoyé chercher deux fois… Il s’agit d’une affaire d’une importance extrême.

XIII


Le château de Courtomieu passe, après Sairmeuse, pour la plus magnifique habitation de l’arrondissement de Montaignac. Si Sairmeuse s’enorgueillit de ses hautes