Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/122

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— J’en suis aise. Cependant, si vous le trouvez bon, je ne vous conduirai pas à son hacienda, située dans les montagnes, qu’on serait fort embarrassé d’atteindre avec une pirogue ; puis, vous n’avez plus de cheval.

— Les eaux l’auront emporté ; mais j’ai de bonnes raisons pour ne pas le regretter.

— Je n’en dirai pas autant de ma carabine, une arme excellente qui ne rate pas plus d’une fois sur cinq. Vous concevez qu’on ne peut la laisser ainsi au fond de l’eau, et avec votre permission, seigneur étudiant, maintenant que je ne suis plus en sueur… »

En disant ces mots, le tigrero se dépouillait de ses vêtements et, quand il en eut quitté le dernier, l’ancien plongeur examina avec attention l’endroit où la pirogue avait chaviré, et pria le nègre de ramer jusque là. Quand Clara eut donné quelques coups d’aviron dans la direction convenable, l’Indien s’élança la tête la première et disparut de nouveau sous les eaux.

Un espace de temps, que les deux spectateurs trouvèrent prodigieusement long, s’écoula avant que l’Indien se remontrât. Le bouillonnement de l’eau au-dessus de lui prouvait seul qu’il se livrait à une recherche active de son incomparable carabine. Enfin sa tête dépassa la surface trouble du lac, et d’une main il nageait vers la pirogue, tandis que l’autre soutenait l’arme dont le Zapotèque faisait un si pompeux éloge, et un éloge si justement mérité.

Tout cela n’avait pas laissé de prendre du temps, et le soleil était déjà brûlant, quand le nègre, l’étudiant et l’Indien reprirent, dans leur frêle embarcation, le chemin ou plutôt la direction de l’hacienda de las Palmas.

Chemin faisant, don Cornelio interrogea ses deux libérateurs sur les motifs qui les avaient conduits vers lui.

« C’est un cavalier paraissant fort pressé de gagner la demeure de don Mariano, dit Costal, qui nous a envoyés vers vous aux Tamarindos. Reste à savoir s’il a été aussi