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CHAPITRE VIII

FAIS CE QUE DOIS, ADVIENNE QUE POURRA.


Don Mariano, l’officier des dragons de la reine et les deux sœurs se précipitèrent hors du salon, poussés par un noir pressentiment.

De la cour de l’hacienda, où se groupaient déjà les gens de la maison, la vue arrivait sans obstacle au sommet des collines, et un douloureux spectacle frappa les yeux de tous.

À l’extrémité supérieure du sentier qui conduisait de l’hacienda de las Palmas à celle del Valle, un cheval et son cavalier, tous deux en apparence mortellement blessés, étaient étendus à côté l’un de l’autre, l’homme cherchant à se relever sans pouvoir y parvenir, le cheval dans l’immobilité la plus complète.

« Vite ! s’écria don Mariano, qu’on aille chercher ce malheureux dans une litière, pour l’amener ici.

— Je voudrais être, dupe de mes yeux, dit l’officier, dont le visage pâle dénotait une profonde inquiétude, et ne pas croire que ce pauvre homme est le vieux Rodriguez, le plus ancien des serviteurs de mon père. »

La tête du blessé était couverte, en effet, de cheveux gris.

« Ce nom d’Antonio Valdès, continua don Rafael, me rappelle je ne sais quelle histoire, vieille déjà, d’une punition infligée à cet homme, et un affreux pressentiment naît pour moi de ce souvenir confus. On se rappelle tant de choses en guerre civile ! Ah ! seigneur don Mariano, ajouta-t-il en lui tendant la main, faudrait-il que tant de bonheur… »