Au moment où le capitaine allait apprendre de la bouche du général quel était le but de cette mission de confiance dont il avait commencé à s’ouvrir à lui, un troisième personnage de notre connaissance entra dans la tente ; c’était l’Indien Manuel Costal. Il était accompagné d’un inconnu. Don Cornelio voulut se retirer de nouveau.
« Vous n’êtes pas de trop et vous pouvez tout entendre, lui dit Morelos.
— Voici le général ! » dit Costal en montrant le curé à l’Espagnol, car c’en était un.
Celui-ci considéra un instant, non sans surprise, le personnage si simplement vêtu, qui cependant n’en était pas moins le général dont la renommée commençait à s’occuper.
Bien que cet inconnu parût doué d’une aisance imperturbable et presque voisine de l’effronterie, il attendit, après avoir salué Morelos, que celui-ci lui permît de parler.
« Qui êtes-vous, mon ami ? et que me voulez-vous ? dit le général.
— Puis-je parler en toute confiance ? reprit l’Espagnol. Cet homme, et il désignait l’Indien, que j’ai trouvé philosophant sur la grève, m’a dit que sa parole valait, près de Votre Seigneurie, un sauf-conduit de parlementaire, et je me suis décidé à le suivre.
— Costal a été le premier clairon qui, avec la trompe marine que vous lui voyez, a sonné le boute-selle des vingt cavaliers qui composaient jadis mon armée. Parlez ; ma parole confirme la sienne.
— Avec l’agrément de Votre Seigneurie, je me nomme Pépé Gago ; je suis Galicien, et de plus, commandant d’une batterie dans la citadelle d’Acapulco, qu’il vous plairait de prendre, si je ne me trompe.
— C’est un plaisir que je compte me donner d’ici à peu de temps.