Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/159

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— Votre Seigneurie confond peut-être, reprit l’artilleur ; vous prendrez la ville d’Acapulco quand vous voudrez.

— Je le sais.

— Mais vous ne la garderez pas, tant que nous serons maîtres de la citadelle.

— Je le sais.

— Alors, nous sommes près de nous entendre.

— C’est pourquoi je dédaigne de prendre la ville et veux m’emparer de la forteresse ; nous entendons-nous toujours ?

— Plus que jamais, car c’est précisément le fort, que vous ne dédaignez pas, que je veux vous donner ; je n’ose pas dire vous vendre, puisque, à vrai dire, mon prix sera si modéré que c’est un véritable cadeau. Et, à ce propos, Votre Seigneurie est-elle en fonds ?

— Vous devez en savoir quelque chose ; mais, au cas contraire, je veux bien vous dire qu’outre les sept cents fusils, les cinq pièces de canon, je ne parle pas des huit cents prisonniers que je lui ai faits, j’ai pris au commandant espagnol Paris la somme de dix mille piastres, c’est-à-dire de quoi payer dix fois le prix d’une citadelle que j’aurai pour rien.

— N’y comptez pas ; les vivres ne nous manqueront jamais. L’île de la Roqueta…

— Je la prendrai d’abord !

— Nous sert de port de débarquement pour les provisions que nous apportent les navires qui, au besoin, viendraient décharger leurs sacs de farine, sous vergues, dans le fort. Cependant, pour en finir, Votre Seigneurie vient de fixer elle-même le prix à mille piastres. N’avez-vous pas dit que vous avez pris dix mille piastres, c’est-à-dire dix fois le prix de la citadelle ? Malheureusement, je ne puis avoir l’honneur de vous la vendre qu’une fois.

— Mille piastres comptant ? dit le général en fronçant le sourcil.