Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/167

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Ses deux domestiques, avec un équipement plus piètre encore que le sien, étaient armés chacun d’un tromblon à canon de cuivre.

« Et vous, seigneur Padre, demanda Lantejas à son tour, où dirigez-vous vos pas ?

— Moi, répondit le curé en souriant encore, je vais d’abord, comme je vous l’ai dit, à l’hacienda de San-Diego, puis, de là, m’emparer de la citadelle d’Acapulco, en exécution de l’ordre que j’ai reçu. »

Tel était l’équipement du général dont le nom a depuis jeté tant d’éclat. Telles étaient ses ressources guerrières, que l’histoire, du reste, s’est chargée de consigner dans ses pages. Quant à Cornelio, pour le moment, cette réponse lui fit démesurément ouvrir les yeux ; mais il aima mieux croire que son cerveau fêlé l’avait mal comprise, que de supposer le respectable curé atteint d’aliénation mentale.

« Mais, alors, vous êtes insurgé ? s’écria-t-il non sans effroi.

— Sans doute, et depuis longtemps. »

Lantejas monta derrière un des domestiques et n’ajouta plus rien ; puis, comme, au bout d’une demi-heure de route il ne vit poindre sur le front du curé, non plus que sur celui de ses deux écuyers, aucun des terribles ornements dont faisait mention le mandement de monseigneur don Antonio Bergosa, il commença à croire que les insurgés pouvaient bien n’être pas toujours la proie du démon ; néanmoins il se promit de ne pas prolonger son voyage avec le curé de Caracuaro plus loin que l’hacienda de San-Diego, comme aussi de n’y faire que le plus court séjour possible en compagnie si suspecte.

L’étudiant venait de faire cet arrangement avec sa conscience, quand, sous les rayons brûlants du soleil, il sentit tout à coup fermenter ses idées d’une façon si étrange, que non-seulement cette insurrection com-