Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/168

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mencée par des prêtres lui parut toute naturelle, mais qu’il se mit à entonner à pleins poumons, sans pouvoir s’en empêcher, une chanson guerrière qu’il improvisa, et dans laquelle le belliqueux champion traitait fort-mal le roi d’Espagne.

Il ne sut que plus tard en quel état il arriva à l’hacienda de San-Diego, et combien de jours il y resta sous l’influence d’une fièvre chaude, fruit des fatigues de la route et de sa blessure. Il avait seulement un vague souvenir de rêves douloureux pendant lesquels il entendait constamment un bruit d’armes, et par-dessus tout, se sentait ballotté comme sur une mer orageuse.

Un jour, il s’éveilla tout étonné, dans une chambre assez pauvrement meublée, puis se rappela sa chute et sa rencontre avec le curé de Caracuaro. Enfin, se sentant assez de forces pour sortir de son lit, il se traîna jusqu’à la fenêtre de sa chambre, afin de se rendre compte d’un grand tumulte qu’il entendait.

La cour sous sa fenêtre était remplie d’hommes armés, les uns à pied, les autres à cheval. Des lances ornées de banderoles de diverses couleurs, des épées, des fusils, des sabres, brillaient au soleil de tous côtés. Les chevaux piaffaient, hennissaient sous leurs cavaliers ; bref, c’était comme la halte d’un corps d’armée.

La faiblesse obligea bientôt le blessé à se recoucher, et il attendit avec impatience, et surtout avec une faim dévorante, que quelqu’un pût venir lui donner des explications sur sa position.

Au bout d’une demi-heure environ, un homme entra dans la chambre du malade, qui reconnut l’un des deux serviteurs de Morelos. Cet homme venait de la part de son maître s’enquérir de l’état de sa santé.

« Où suis-je, mon ami, je vous prie ? lui demanda-t-il après avoir satisfait à ces questions.

— À l’hacienda de San-Luis. »