Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/169

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L’étudiant rappela ses souvenirs, qui se reportèrent à l’hacienda de San-Diego.

« Vous vous trompez, c’est l’hacienda de San-Diego, reprit-il.

— Nous l’avons quittée depuis hier ; nous n’y étions plus en sûreté… Que diantre ! on n’est pas tenu, quelque bon patriote qu’on soit, de crier son opinion sur les toits…

— Je ne vous comprends pas, mon cher, interrompit Lantejas : c’est peut-être encore l’effet de la fièvre.

— Ce que je dis là est cependant bien clair, reprit le domestique. Nous avons été obligés de quitter l’hacienda, où les troupes royales allaient venir nous arrêter, à cause de la fougueuse exaltation des opinions politiques d’un certain don Cornelio Lantejas.

— Cornelio Lantejas ! s’écria l’étudiant avec angoisse ; mais c’est moi !

— Je le sais parbleu, bien ! Votre Seigneurie ne s’est pas fait faute de le crier par la fenêtre en proclamant de toutes vos forces mon maître généralissime de toutes les troupes insurgées, et nous avons eu toutes les peines du monde à vous empêcher de marcher sur Madrid.

— Madrid en Espagne !

— Bah ! deux mille lieues de mer n’étaient rien pour vous à traverser. « C’est moi, moi Cornelio Lantejas, qui me charge de renverser le tyran ! » disiez-vous. Alors nous fûmes obligés de déguerpir sans tarder en vous transportant dans une litière, mon maître n’ayant pas voulu abandonner un si chaud partisan qui se compromettait par amour pour lui. Nous sommes arrivés ici, où, ma foi ! grâce aux hommes qui se sont joints à nous, vous pourrez vous livrer à toute l’ardeur de votre patriotisme, bien que votre tête soit mise à prix, je n’en doute pas. »

Le jeune homme avait écouté avec horreur et dans