Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/170

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une stupéfaction complète le récit de ses prouesses. Puis le domestique ajouta :

« En outre, mon maître, pour ne pas demeurer en reste avec celui qui l’a proclamé généralissime, a nommé Votre Seigneurie alferez et son aide-de-camp ; vous en trouverez le brevet sous votre oreiller. »

Le domestique sortit à ces mots, laissant don Cornelio atterré sous le poids de ces révélations foudroyantes.

Quand il eut quitté la chambre, l’étudiant porta précipitamment la main sous son traversin. Le fatal brevet était bien là.

Il le froissa avec rage, et s’élança de nouveau vers la fenêtre pour désavouer bien haut toute participation à l’insurrection, comme les premiers chrétiens qui, au milieu des idolâtres, confessaient le saint nom de Dieu ; mais son mauvais génie veillait.

Au moment où il allait ouvrir la bouche pour crier qu’il repoussait toute complicité avec les ennemis de l’Espagne, ses sens se troublèrent de nouveau, sans que toutefois il pût méconnaître que sa bouche criait : Vive Mexico et mort au tyran ! Il n’eut que le temps de retomber sans force sur son lit.

Cette fois, sa syncope fut de courte durée, et il ne tarda pas à reprendre suffisamment ses sens pour s’apercevoir que son lit était entouré de gens armés qui semblaient, à en juger par quelques phrases échangées entre eux, épier avec intérêt l’état dans lequel il se trouvait.

Parmi ces voix il reconnut celle de Morelos lui-même, qui disait :

« Comment expliquer cette sympathie subite pour notre cause ? Ce jeune homme est sous l’empire d’une hallucination fiévreuse.

— Si le plus ardent patriotisme ne bouillonnait pas au fond de son âme, l’écume ne remonterait pas à la surface, reprit un autre personnage du nom de don Rafael Valdovinos.