Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/171

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— Qu’importe ! répliqua Morelos ; je ne puis croire que mon ascendant… »

Un nouveau venu interrompit le curé de Caracuaro, au moment où l’étudiant ouvrit les yeux sans oser démentir l’opinion qu’on exprimait sur son compte, car tous ces regards l’intimidèrent extrêmement. Ce nouveau personnage était un homme vigoureusement taillé, à la mine martiale, et dont la barbe et les cheveux grisonnaient. Son aspect accusait une cinquantaine d’années.

« Et pourquoi, mon général, dit l’inconnu en prenant la main que lui tendait Morelos, ce brave jeune homme n’aurait-il pas subi comme moi l’ascendant de votre personne à la première vue ? Ce n’est que d’aujourd’hui que je vous connais, et cependant vous n’aurez jamais de serviteur plus ardemment dévoué que moi. Je réponds de ce jeune garçon. Il est des nôtres et sans retour. »

En disant ces mots, l’inconnu enveloppait don Cornelio d’un regard si doux et si formidable à la fois, qu’en même temps que le jeune homme se sentait frémir des pieds à la tête, un charme invincible le subjuguait, et qu’il ne put s’empêcher de confirmer du geste l’engagement qu’on prenait en son nom.

Cet homme était celui que les historiens, appellent le terrible, le grand, l’invincible don Hermenegildo Galeana, le Murat mexicain, que bientôt on allait voir dans cent rencontres mettre sa lance en arrêt et fondre sur l’ennemi comme l’archange des batailles, en poussant son formidable cri de guerre : Aqui esta Galeana[1] ! Redoutable ennemi et ami tendre et dévoué, il faisait subir à tous son irrésistible ascendant.

Plus heureux que Murat, Galeana devait tomber sur un champ de bataille, entouré de cadavres amoncelés par sa main, et plus heureux encore que le guerrier fran-

  1. Voici Galeana.