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sous l’eau. À présent, du moins, tant que la mer ne grossira pas trop, nous flotterons à sa surface, et les baleinières arriveront pour nous sauver. »

Il ne vint pas à l’idée du capitaine de reprocher, au fidèle et dévoué Costal une cruauté toute à son profit, mais qu’il croyait néanmoins inutile.

Pendant le temps qu’il entremêlait ses sincères remercîments à l’Indien et ses ardentes prières au ciel, Costal, avec le sang-froid d’un calfat à l’œuvre sur un chantier solide, s’occupait, à l’aide de son couteau, à ouvrir le long de la quille vermoulue de l’embarcation des entailles assez profondes pour y accrocher les mains, tout en répétant de sa voix calme et ironique :

« Tenez-vous toujours bien, et ne vous fiez pas trop aux saints. »

Bientôt il eut pratiqué, d’assez larges ouvertures pour y passer leurs doigts et se cramponner de façon à n’être pas enlevés par les lames qui grossissaient à vue d’œil.

Quand tous deux furent ainsi établis sur cette frêle machine, les yeux de Costal essayèrent de percer le voile de ténèbres qui les environnait ; mais les éclairs, plus fréquents déjà ne lui laissaient, voir qu’une mer noire et menaçante, et, dans le lointain, l’île et la masse imposante de la forteresse assiégée.

Les baleinières étaient invisibles, et nul écho ne répétait les cris que poussaient les deux naufragés pour appeler leurs compagnons.



CHAPITRE IV

LA GUADALUPE.


Le malheureux qui flotte au gré de la vague et du vent sur une vergue ou sur le moindre débris de son navire