Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/201

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tendu ses cris, l’Indien avait déjà repris ses sens et raconté en peu de mots la catastrophe dont l’équipage du canot avait été victime.

On s’empressa alors de faire le signal convenu en s’orientant à la lueur des éclairs par la position de l’île et par celle de la goélette et du château. Costal, avec la double sagacité du marin et de l’Indien, avait à peu près reconnu l’endroit où il avait laissé son compagnon d’infortune. Un instant après, le premier cri poussé par Lantejas parvint jusqu’aux oreilles attentives de Costal et confirma ses conjectures. Le capitaine était sauvé !

Malgré l’alerte donnée par la Guadalupe, les trois baleinières purent facilement aborder du côté de l’île opposé à la goélette, par une nuit d’orage pendant laquelle la garnison n’était pas sur ses gardes. Lantejas était toujours évanoui, et, quand il revint à lui, il se trouva dans l’île de la Roqueta sans savoir comment il y était arrivé. Le bruit des arbres, dont les cimes se choquaient au-dessus de sa tête sous l’effort de l’orage arrivé à son plus haut point de violence, le fracas du tonnerre, qui semblait ébranler l’île jusque dans ses fondements, tout cela à son réveil lui parut la plus douce mélodie qu’il eût jamais entendue. Avant d’appeler Costal, qu’il reconnut dormant près de lui, il examina ce qui l’entourait. Disséminés par petits groupes, les gens de l’expédition, leurs armes à la main, étaient debout et silencieux comme dans une embuscade.

« Où sommes-nous ? demanda-t-il à Costal en le secouant.

— Dans l’île de la Roqueta, parbleu ! répondit l’Indien.

— Comment avons-nous pu y parvenir ?

— De la manière la plus simple. Qui pourrait croire que soixante hommes vont s’aventurer sur la mer par un temps semblable ? Personne assurément. Aussi nul d’entre les Espagnols de l’île n’a songé à nous, et nous avons débarqué sans obstacle.