Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/206

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Au moment où le dernier des hommes de la goëlette touchait le rivage de l’île, le fort signala une voile, puis bientôt, de la place même, on put apercevoir au loin entre deux lames un navire fuyant à sec avec la rapidité de l’éclair.

L’ouragan semblait le pousser contre la terre, et il arriva bientôt à une distance assez rapprochée pour que, de la grève, on distinguât l’équipage et les officiers sur le pont.

Costal, Clara et le capitaine don Cornelio observaient comme les autres les manœuvres du brick, quand les yeux perçants de l’Indien se dirigèrent avec plus d’attention sur un officier appuyé sur la lisse du navire avec un air de mélancolie profonde.

Sa taille haute et élégante annonçait la vigueur. Sa chevelure noire flottait au gré de la brise sur sa tête découverte, et il semblait peu préoccupé du danger que courait le navire.

« Reconnaissez-vous cet officier ? demanda Costal en le désignant du doigt à don Cornelio et à Clara.

— Je ne puis distinguer ses traits, répondit Lantejas.

— C’est celui que nous avons connu tous trois jadis capitaine des dragons de la reine ; aujourd’hui c’est le colonel Tres Villas.

— Celui qui, à la bataille de Calderon, a failli s’emparer du généralissime Hidalgo ? dit un soldat.

— Lui-même, répondit Costal.

— L’officier qui a cloué la tête d’Antonio Valdès à la porte de son hacienda ? ajouta un volontaire de la province de Oajaca.

— Lui-même, répliqua l’Indien.

— Est-ce lui encore qui s’est emparé de la ville d’Aguas Calientes et a fait couper la chevelure de quatre cents femmes prisonnières ? demanda un troisième.

— On dit qu’il avait ses raisons pour cela, repartit Costal.