Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/208

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

queta, bien que, comme on se le rappelle, elle ne fût pas encore complètement conquise.

D’après ce qui avait été convenu entre le général en chef et le mariscal, Morelos avait dirigé contre Acapulco une si brusque attaque, qu’il s’en était emparé presque sans coup férir.

Quoique le fort tînt toujours, la possession de l’île de la Roqueta rendait moins illusoire la conquête d’une ville ouverte comme celle qu’on venait de prendre. De l’île, en effet, soit que la goëlette convoitée par Galeana lui eût échappé ou non, il était possible, sinon facile, d’intercepter les navires chargés de vivres pour le fort.

Maître d’Acapulco, Morelos s’était rappelé le curé de Caracuaro, dérisoirement chargé de conquérir une riche province qui aujourd’hui appartenait presque tout entière au général Morelos. Il s’était rappelé ses humbles débuts et sa puissance actuelle. Alors, dans un élan de reconnaissance pour le Dieu des armées dont il avait été jadis le plus modeste des serviteurs, il résolut de dire une messe solennelle d’actions de grâces et d’officier lui-même.

C’était sur la ville, sur la cathédrale elle-même que le fort, faisait pleuvoir une grêle de boulets ; là, sous les voûtes du temple, par une de ces singularités de la guerre de l’indépendance, dont les premiers généraux furent des prêtres, Morelos, venait de déposer l’uniforme pour revêtir l’étole.

Les batteries des insurgés répondaient au feu de la citadelle, et c’était au milieu de l’épouvantable fracas de l’artillerie que Morelos, redevenu prêtre, célébrait encore une fois l’office divin.

La cause de ces détonations n’avait pas tout à fait échappé à Galeana.

« Enfants ! dit-il en s’approchant des groupes formés sur le rivage, nous sommes maîtres de l’île ; notre bien-