Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/221

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Seuls, parmi tous, Galeana et le capitaine Lantejas ne partageaient pas cette curiosité. Le premier interrompit les conversations particulières en donnant l’ordre de regagner l’île, et le second se préoccupait exclusivement du risque que pouvait courir l’Indien sur la côte, où les royalistes étaient encore maîtres, grâce au fort, et ne songeait guère à demander qui pouvait être l’homme au caban. Les yeux fixés sur le rivage, il suivait les évolutions d’une troisième ombre, plus noire que les deux premières.

Si Clara n’était ni mort, ni blessé, c’était lui sans doute.

« Quelqu’un peut-il me donner des nouvelles de Clara ? s’écria le capitaine ; est-il mort ?

— Pas même blessé, répondit-on ; il était tout à l’heure encore avec nous. »

C’était bien, en effet, le nègre, qui, avec le dévouement silencieux et sans borne du chien pour son maître, s’était élancé, sans dire un mot, à la suite de l’homme qu’il avait choisi pour frère d’armes. Don Cornelio n’avait pas besoin que l’exemple du noir lui traçât la conduite qu’il avait à tenir.

« Je ne saurais, dit-il au mariscal, passer toute une nuit dans l’incertitude sur le sort de Costal. Si vous le trouvez bon je prendrai deux hommes avec moi, je monterai dans cette barque vide et je gagnerai la plage. Peut-être le pauvre diable attend-il ma venue, comme j’attendais la sienne il y a trois nuits. »

Le mariscal, avec sa bonté accoutumée, accorda au capitaine la permission qu’il sollicitait, et l’on eut bientôt rattrapé la barque espagnole, qui déjà flottait en dérive à quelque distance.

« Soyez prudent, Lantejas, dit affectueusement le mariscal ; tâchez de ne pas vous éloigner de votre canot quand vous serez à terre ; j’ai cru remarquer quelques rôdeurs battant la campagne et les rochers.