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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/222

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— Je serai prudent, soyez tranquille, seigneur mariscal, » répliqua don Cornelio.

En disant ces mots, il sauta dans la barque avec deux rameurs et fit pousser vers la plage.

Il va sans dire que depuis longtemps l’homme à la bayeta, l’Indien et le nègre avaient disparu dans l’ombre de la nuit. La grève était déserte et silencieuse quand le canot de Lantejas y aborda ; c’était au milieu d’une petite anse fermée des deux côtés par des rochers assez élevés, à l’endroit même où Costal avait pris pied.

Don Cornelio prêta l’oreille sans que le moindre bruit parvînt jusqu’à lui ; puis, supposant cependant que Costal ne pouvait être bien éloigné, il l’appela de toutes ses forces.

Personne ne répondit à ses cris.

Deux longues heures se passèrent ainsi dans une vaine attente, pendant lesquelles il espérait, à chaque instant, voir revenir Costal de sa poursuite. Plein d’inquiétude alors sur le sort de l’Indien, il résolut de se remettre à sa recherche.

Don Cornelio mit deux pistolets à sa ceinture, et, son sabre à la main, il descendit sur la plage en recommandant à ses deux rameurs de se maintenir dans le canot à une dizaine de pas de la terre, et d’avoir l’œil au guet.

Les deux soldats le promirent, et l’officier s’éloigna avec précaution.

La lune n’était pas levée ; d’innombrables étoiles brillaient au firmament. Leur clarté, toutefois, n’ôtait pas à la nuit son obscurité, qui permettait à don Cornelio de dissimuler sa présence. Il put néanmoins assez facilement, et malgré son inexpérience dans la science du rastreador[1], reconnaître les traces de ceux qu’il cherchait, tant qu’elles furent empreintes sur le sable. Mais

  1. Chercheur de traces.