Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/273

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prière du matin ; cette fois, cependant, cette réunion nocturne avait aussi pour but de les disposer à la journée solennelle qui allait décider du dénoûment d’un long et cruel siège.

Au même instant, le camp espagnol s’éveillait au bruit de la diane, et, derrière la chaîne de collines qui terminait la plaine, Morelos mettait déjà son armée en mouvement.

Peu à peu la place de Huajapam se remplit de bourgeois et de soldats silencieux, tous armés pour la lutte et venant demander à la prière la force et l’énergie dont ils avaient besoin. Les cavaliers tiraient par la bride leurs chevaux sellés et se rangeaient comme des ombres dans l’ordre qu’ils avaient coutume de prendre.

Trujano apparut à son tour, grave et souriant à la fois, avec la confiance dans le cœur comme sur les lèvres. Le religieux insurgé était armé, selon son habitude, de la longue épée à deux tranchants si souvent éprouvée dans sa main.

À ses côtés marchait le capitaine don Cornelio Lantejas comme aide de camp momentané du colonel, et, derrière eux, un soldat tenait en main deux chevaux prêts à être montés, l’un par Trujano, l’autre par le capitaine.

Sur le dos du cheval, destiné à l’ex-étudiant en théologie, se balançait une longue lance attachée à l’étrier et au pommeau, de la selle.

Don Cornelio aurait été bien embarrassé de dire pourquoi il s’armait de cette façon. Le cheval qu’on lui avait prêté se trouvait harnaché de la sorte, et il prenait passivement la lance comme il se laissait conduire au combat, parce qu’il ne pouvait faire autrement.

La prière toutefois n’allait pas se prolonger longtemps ; car le ciel commençait à s’entr’ouvrir du côté de l’orient, et l’aube du jour ne devait pas tarder à répandre ses premiers rayons de lumière.