Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/274

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Le colonel Trujano était profondément versé dans la connaissance des saintes Écritures, et les livres d’Église, qui ne lui étaient pas moins familiers, s’étaient pour ainsi dire gravés dans sa mémoire. Il n’eut qu’à la consulter, et, d’une voix dont les moindres intonations arrivaient à la fois au cœur et à l’oreille des assistants les plus éloignés, il récita le verset suivant, que la circonstance rendait encore plus solennel :

« Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière. Le jour s’est levé sur ceux qui habitent dans la région de l’ombre de la mort.

« Seigneur, vous avez béni votre terre ; vous avez délivré Jacob de captivité. Gloire au Très-Haut ! »

Et mille bouches répétèrent : « Gloire au Très-Haut ! »

Peu à peu les ombres transparentes du crépuscule disparaissaient, et, au-dessus de ces têtes pieusement courbées, quelques nuages épars, légèrement teints de pourpre, annonçaient déjà le lever du soleil.

Ce n’était qu’après le repas de midi que devait être livré le dernier assaut, d’après la décision prise la veille par le conseil de guerre. On ne se préparait donc pas encore, dans le camp royaliste, et la double attaque de Morelos et de Trujano risquait d’y éclater comme un coup de foudre.

Le camp était divisé en trois parties bien distinctes, disons même en trois camps. Le premier, celui du commandant Regules, était le plus rapproché de la ville assiégée ; le deuxième, sous les ordres immédiats de Bonavia, occupait le centre ; et le troisième enfin, commandé par Caldelas, se trouvait situé à l’arrière-garde.

D’après ces dispositions, Trujano, en exécutant sa sortie, devait diriger ses premiers efforts contre Regules, et Morelos devait attaquer l’arrière-garde commandée par Caldelas. Bonavia, qui se trouvait au centre, aurait à se porter au secours de celui de ses deux collègues qui en aurait le plus besoin.