Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/285

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la seule arme dont il pût disposer se réduisait au poignard un instant levé sur Lantejas.

Dans ces guerres d’extermination, on faisait le moins de prisonniers possible, et il était rare que, par représailles des cruautés des Espagnols envers les leurs, les prisonniers royalistes fussent épargnés même après s’être rendus.

Don Rafael s’apprêtait donc à vendre chèrement sa vie plutôt que de tomber entre les mains d’ennemis impitoyables, quand une voix dont le son lui était connu cria au capitaine don Cornelio :

« Accourez donc, capitaine ! le général veut vous complimenter sur la victoire que vous venez de lui donner. »

Don Rafael reconnut à l’instant le cavalier qui s’avançait au galop en prononçant ces paroles, et nous ne devons pas cacher que, quelque brave qu’il fût, il ne pût se défendre d’éprouver un certain contentement en voyant que l’ennemi qu’il avait devant lui était le colonel Trujano, l’ancien muletier.

Trujano, de son côté, s’était aussi remis promptement l’officier royaliste.

Trop fier cependant pour invoquer le premier d’anciennes relations avec l’un des ennemis vainqueurs qui l’entouraient, avec l’homme dont il avait sauvé la vie en retour de l’immense service qu’il en avait reçu lui-même, don Rafael poussa si impétueusement son cheval dans la direction de celui de Trujano, qu’il l’aurait sans doute culbuté, si une main n’en eût violemment retenu la bride. C’était la main de don Cornelio.

Au risque de se faire écraser sous les pieds des deux chevaux, qui semblaient vouloir se précipiter l’un sur l’autre, don Cornelio, encore tout ému de la générosité du colonel à son égard, s’était élancé comme médiateur entre don Rafael et Trujano.

« Seigneur Trujano ! s’écria le capitaine, je ne sais ce, que vous voulez dire en me parlant d’une victoire dont