Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/303

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autres sellaient rapidement les chevaux de toute la troupe, et un cinquième voyageur, entr’ouvrant les rideaux d’une litière déposée sur la mousse, semblait rassurer une jeune femme épouvantée qui s’y trouvait renfermée.

Cette litière fera suffisamment connaître don Mariano et sa fille, sans qu’il soit besoin de les nommer.

La nuit allait cesser, avons-nous dit.

Il est dans le jour, au milieu de la solitude du désert, deux heures solennelles que toutes les voix de la nature réunies proclament et célèbrent à l’envi : le lever et le coucher du soleil. L’horloge éternelle allait sonner la première de ces heures.

Un vent frais s’éleva, agita le feuillage, rida la surface de l’eau, et commença à déchirer le voile de vapeurs que la nuit avait étendu.

L’orient se colora d’un jaune vif, s’entr’ouvrit et laissa jaillir les premières et indécises clartés du crépuscule du matin, que saluèrent soudain mille cris d’oiseaux partis de tous les arbres de la forêt.

Les chacals fuyant au loin poussèrent leurs derniers glapissements ; la voix funèbre des oiseaux de nuit se fit entendre pour la dernière fois ; le daim et le maïpouri disparurent. Bientôt des nuages roses comme le plumage des flamants montèrent à l’horizon, puis enfin le soleil éclaira la cime des palmiers, et laissa voir dans toute leur splendide variété les bois épais qui couvraient les bords de l’Ostuta.

Les ébéniers aux grappes de fleurs d’or, le gaïac et le dragonnier, les liquidambars odorants, aux pyramides sombres, le cèdre-acajou et les palmiers, dans toute l’élégante richesse de leurs feuillages, étalaient avec orgueil leurs luxueuses végétations au milieu de fougères gigantesques et des réseaux épais de lianes fleuries qui leur servaient de cortége.

À travers ces labyrinthes presque impénétrables, se