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montraient parfois des taureaux sauvages, fruits des taureaux jadis échappées des riches haciendas de Fernand Cortès[1] ! Pressés par la soif, ils venaient s’abreuver, et, tandis que de leurs mufles noirs ils humaient avidement l’eau, quelques petits îlots, arrachés çà et là au rivage avec leurs berceaux de verdure et de fleurs, suivaient en flottant, le cours du fleuve, et, sous ces berceaux fleuris, les oiseaux perchés semblaient, par leur ramage, célébrer leur marche triomphale sur les flots.

Tel était ce matin-là, dans toute sa magnificence primitive, l’aspect de l’Ostuta et de ses bords, à une demi-lieue environ du gué près duquel avaient brillé les premiers feux de bivouacs dont nous avons signalé l’emplacement sur la rive droite du fleuve.

Ces feux, qui venaient de s’éteindre quand le jour avait paru, étaient ceux du campement provisoire d’Arroyo et de sa troupe de bandits.

Là se passaient aussi des scènes animées, quoique d’un genre différent.

Une centaine de cavaliers, dispersés sur les deux rives de l’Ostuta, s’occupaient activement du pansement matinal de leurs chevaux. Les uns, montés à poil, les poussaient dans le fleuve pour les abreuver et les rafraîchir à la fois ; d’autres enfin les étrillaient avec leurs ongles ou à l’aide de la première pierre venue. Plus loin, des selles étaient empilées en monceaux, avec une certaine régularité, au milieu des ballots éventrés dont il ne restait plus que les enveloppes lacérées à coups de couteau, dépouille sans doute de quelque muletier dévalisé la veille.

Sur cette même rive droite, c’est-à-dire sur celle où se trouvait l’hacienda de San Carlos, s’élevait une tente grossièrement composée de morceaux de ces envelop-

  1. On sait que la province de Oajaca avait été donnée par Charles-Quint en apanage à Cortès.