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vice-roi, s’emparèrent de sa personne et l’envoyèrent en Espagne pour y rendre compte de sa conduite. Toutes les franchises accordées par lui furent retirées, et le Mexique fut replongé dans l’ancien ordre de choses.

Ces événements avaient lieu en 1808, et, quoique d’un jour à l’autre l’on dût s’attendre à voir la colonie essayer de reconquérir les droits dont elle avait été frustrée, deux ans de tranquillité apparente avaient si complétement rassuré les esprits, que la conspiration d’Hidalgo et le soulèvement qu’il excita en septembre 1810 les jetèrent dans une stupéfaction profonde.

C’était par les prêtres que l’Espagne avait principalement dominé le Mexique pendant trois cents ans ; c’étaient les prêtres aussi qui, par un juste retour des choses d’ici-bas, devaient affranchir le Mexique du joug de l’Espagne. Au commencement du mois d’octobre suivant, le curé Hidalgo comptait déjà près de cent mille combattants, mal armés, il est vrai, mais que le nombre ne laissait pas de rendre redoutables. Cette masse d’insurgés, qui se répandait partout comme un torrent et menaçait de s’accroître encore, portait la consternation dans Mexico, siége du gouvernement colonial, et jetait quelque confusion dans les idées des créoles eux-mêmes. Tous fils d’Espagnols, les uns, en considération des liens du sang, se croyaient tenus à combattre l’insurrection ; les autres, ne songeant qu’à l’affranchissement du pays qui les avait vus naître, croyaient de leur devoir de prendre fait et cause pour les insurgés. Cette dissidence d’opinion ne se rencontrait du reste que dans les familles créoles riches ou puissantes ; le peuple, blanc, métis ou indien, n’hésitait pas à se ranger du côté d’Hidalgo.

Les Indiens surtout, plus asservis encore que les créoles, espéraient qu’une ère nouvelle allait s’ouvrir pour eux, et quelques-uns déjà rêvaient le retour de leurs anciennes splendeurs.

Tel était l’état politique et moral de la Nouvelle-Es-