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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/328

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regardant à droite et à gauche, comme s’ils eussent espéré ou craint de découvrir un objet invisible. Leur costume était assez bizarre, et surtout fort peu propre à courir à travers les halliers ; car il consistait en un simple caleçon et en une chemise.

Ce léger vêtement semblait complétement mouillé, quoique la nuit eût été fort sèche, et chacun d’eux portait à la main un paquet assez volumineux.

« Ces gens, pensa le colonel, cherchent quelqu’un ou craignent qu’on ne les cherche eux-mêmes ; lequel des deux ? »

Il écouta et regarda plus attentivement.

De même qu’en cet endroit l’épaisseur du fourré avait semblé propice à don Rafael pour s’y arrêter, les deux hommes jugèrent convenable d’y faire halte également.

« Arrêtons-nous ici, dit l’un d’eux, le temps de changer de vêtements.

— Je le veux bien, mais faisons vite, répondit l’autre ; nous devrions être bien loin déjà sur la route de Huajapam. »

Tous deux s’assirent sous l’acajou qui servait d’asile au colonel, et commencèrent silencieusement et sans tarder à se défaire de leurs vêtements mouillés pour les remplacer par ceux qu’ils portaient en paquet sous leurs bras.

« C’est donc ceci, reprit l’un d’eux, qui vaut son pesant d’or ? »

Et il désignait en parlant ainsi un autre petit paquet, que son compagnon serrait précieusement dans la poche de sa veste.

« Oui, et tu verras que tu ne regretteras pas d’avoir consenti à me suivre pour partager la bonne aubaine que ceci nous vaudra. Le tout est de pouvoir nous tirer d’ici, car on va se mettre à nos trousses.

— C’est certain ; mais on ne nous trouvera pas, et, si nous tombons dans les postes avancés de ceux de mes