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de Valle, il en avait rappelé le détachement qui la bloquait, et, à la tête de toute sa guerilla, forte d’environ cent trente hommes, il avait marché contre San Carlos.

Ceci explique comment le capitaine Lantejas avait pu, sans tomber entre les mains des bandits d’Arroyo, s’approcher del Valle et gagner le gué abandonné momentanément par leur chef.

Quelque nombreux que fussent les domestiques de don Fernando Lacarra, il n’avait pas songé à opposer la moindre résistance à la sommation qui lui fut faite d’ouvrir les portes de son domaine.

Ayant vécu jusqu’alors dans une neutralité parfaite, étant connu dans le pays pour ses sentiments sympathiques à l’insurrection, le jeune Espagnol espérait en être quitte pour une forte rançon en vivres et en argent. Cependant, quoiqu’il ignorât les dispositions d’Arroyo envers doña Marianita, pour la soustraire à la vue des bandits, il avait jugé prudent de la cacher dans une des pièces les plus reculées de l’hacienda, où personne n’aurait pu la trouver, à moins que toute la maison ne fût mise au pillage.

À cette précaution, il ajouta celle de dire au capitaine qu’elle était absente.

Malheureusement pour lui, les choses avaient tourné autrement, et il se trouva pris entre les exigences des deux associés : l’un qui voulait sa femme, l’autre, non pas une rançon, mais sa maison et tout ce qu’elle contenait de richesses, que la renommée avait grossies comme cela arrive d’habitude.

C’était à ce même moment, où le jeune Espagnol essayait en vain de soustraire sa femme et son argent à la double convoitise des deux bandits, que l’aspect de ces flammes étranges dont s’illuminaient les vitres de l’hacienda, remplissait l’âme de don Cornelio d’une terreur superstitieuse.

Comme il se demandait encore ce que pouvaient être