Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/362

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ces lueurs sinistres et ce blanc fantôme qui venait de se montrer un instant à ses yeux, les torches disparaissaient de la terrasse de l’hacienda.

En même temps, quatre ou cinq cavaliers sortaient au galop par la porte qui s’ouvrait. Ces cavaliers poussaient des cris sauvages, et l’un d’eux aperçut sans doute le capitaine, car un éclair brilla dans ses mains, une détonation suivit l’éclair, et don Cornelio entendit une balle siffler près de sa tête.

Incertain jusqu’alors s’il devait fuir ou attendre, à tous risques, le retour de ses compagnons, le capitaine, dès ce moment n’hésita plus.

Depuis ses mésaventures par suite des économies paternelles, don Cornelio avait pris en horreur les montures même médiocres ; il s’était donc pourvu, en partant, d’un excellent cheval, et, sachant qu’il était bon coureur, il piqua des deux, à peu près dans la direction qu’il plut à l’animal de choisir, mais toutefois en sens inverse des cavaliers, qui, de leur côté, se mirent à sa poursuite avec de grands cris.

Oubliant Costal et Clara, le capitaine fuyait comme le vent, et, monté comme il l’était, il eût sans doute déjoué la poursuite des cavaliers, si son cheval ne se fût abattu en heurtant dans l’obscurité les racines saillantes d’un gros arbre.

La chute fut si brusque et si violente, que don Cornelio fut lancé par-dessus la tête de l’animal, et que la mollesse du terrain sur lequel il tomba l’empêcha seule de se briser les os. Malheureusement il ne put se relever assez promptement pour qu’un des cavaliers qui le suivaient n’eût le temps de lui jeter son lazo autour du corps.

De qui le capitaine était-il prisonnier ? Voilà ce qu’il ignorait, dans l’incertitude où il se trouvait relativement aux possesseurs de l’hacienda de San Carlos. Quand il put se remettre sur ses jambes, il entendit une voix lui