Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/364

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Des éclats de rire sauvage accueillirent cette déclaration.

« Demonio ! dit le cinquième cavalier en rejoignant ses camarades à son tour, ce n’est pas sans difficulté que j’ai rattrapé ce maudit cheval ; heureusement qu’il en vaut la peine. »

Le son de cette voix n’était pas inconnu au capitaine, et il espéra un instant une chance favorable ; mais il dut presque aussitôt renoncer à cet espoir.

« Alabado sea Dios[1] ! s’écria le cavalier, voici mon dolman.

Don Cornelio ne put méconnaître le drôle qui, le matin, avait trouvé sa veste brodée si fort à son goût, le Gaspacho, en un mot.

« Quelle heureuse rencontre ! Ce dolman est trop grand pour vous, l’ami, » reprit le bandit.

En parlant ainsi, le Gaspacho ôtait sa veste usée, et ce geste était assez significatif pour que le capitaine ne s’y méprît point.

« Tel qu’il est, je m’en contente, se hâta de dire le capitaine.

— Ta ! ta ! » riposta le bandit.

Et, sans que don Cornelio osât trop s’y opposer, le Gaspacho lui enleva prestement son dolman de dessus les épaules.

« Au fait, quand on n’a plus de tête, un chapeau est fort inutile, » dit un autre.

Le chapeau du capitaine suivit son dolman, et, quand ces deux objets eurent passé sur la tête et les épaules des bandits, comme il n’avait plus rien qui pût tenter leur cupidité, il fut débarrassé du lazo et reçut l’ordre de suivre ses spoliateurs ; ce qu’il fit docilement en pensant que la présence du Gaspacho parmi eux annonçait qu’ils étaient de la bande d’Arroyo.

  1. Dieu soit loué.