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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/383

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— C’est vrai comme l’Évangile, dit Gaspar.

— De plus, ajouta le Zapote, si le colonel est parvenu à se sauver, comme je l’espère, ce sera grâce à l’avis que je lui ai donné, de chercher un refuge dans les bambous de l’Ostuta.

— En quel endroit ? » demanda Veraegui.

Le Zapote lui décrivit minutieusement l’endroit indiqué ; puis il ajouta en finissant :

« Du reste, j’aurai l’honneur de vous y conduire moi-même.

— C’est-à-dire que vous et votre compère vous resterez en otage jusqu’au retour du colonel ; je me défie par tempérament des agneaux qui ont habité trop longtemps avec des loups. Si le colonel vit, vous vivrez tous deux ; s’il est mort… Qu’on emmène ces deux hommes et qu’on les garde à vue, dit le lieutenant sans achever sa phrase.

— Quoi ! moi aussi ? s’écria l’honnête Gaspar avec un étonnement peu flatteur pour son compère.

— Tant pis pour vous ! il fallait vous rappeler le proverbe : Mas vale ir solo que no mal acompañado[1]. »

Les soldats emmenèrent Gaspar et le Zapote, assez déconcerté, malgré son axiome, de voir son premier acte de vertu si mal récompensé.

Le lieutenant avala une rasade de son refino[2] de Catalogne.

« Par les plaies du Christ ! s’écria-t-il, j’en finirai cette nuit avec les bandits d’Arroyo, et je donnerai aux chacals et aux vautours une curée qui les gorgera quinze jours durant. »

Sur son ordre, l’alferez jeta ses cartes et courut faire préparer un détachement de trente hommes pour aller à

  1. Mieux vaut aller seul qu’en mauvaise compagnie.
  2. Eau-de-vie très-forte.