Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/384

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bride abattue au secours du colonel et battre les bords du fleuve.

En ce moment, le corps de milices provinciales échangeait le mot d’ordre et de reconnaissance avec les sentinelles du rempart. Le gouverneur tenait sa parole.

Ce nouvel incident retarda le départ du détachement, et, pendant que le lieutenant Veraegui prend ses dispositions pour une attaque générale, en ne laissant que le nombre d’hommes rigoureusement nécessaire à la garde de l’hacienda, nous dirons en aussi peu de mots que possible ce qui était advenu à don Rafael.

Du milieu des fourrés où le colonel avait trouvé asile, il avait pu voir, à travers les tiges de bambous, tous les mouvements du camp d’Arroyo, puis lever ce même camp, et les guerilleros abandonner les abords du fleuve.

Alors, quand la nuit fut tout à fait close et que les plus tardives étoiles brillèrent au haut du ciel, le colonel sortit de son refuge et regarda attentivement autour de lui. Tout faisait silence le long du fleuve ; mais bientôt ce silence fut troublé par trois hommes qui traversaient le gué, puis par deux autres cavaliers suivant le même chemin : c’étaient d’abord le capitaine Lantejas avec ses deux acolytes, et les deux bandits qui rapportaient au capitaine les têtes de ses trois soldats.

Le premier soin du colonel, quand il se vit seul enfin ; fut de retourner à l’endroit du bois où il avait attaché le Roncador en dernier lieu.

Comme son maître, le cheval avait échappé aux recherches des hommes d’Arroyo ; mais le pauvre animal était si exténué de fatigue et de soif surtout, que le colonel dut regagner les bords du fleuve pour le désaltérer.

La prudence le conseillait également, car l’Ostuta se trouvait désert ; don Rafael le savait, et il ignorait si les abords de l’hacienda del Valle étaient toujours gardés.