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l’Indien répondit par un hurlement de frayeur, et s’enfuit à toutes jambes, escorté de ses deux vaches, qui prirent le grand trot. Lantejas les perdit bientôt de vue, et alors seulement il put remettre son cheval dans la bonne voie.

« Quel vertige a donc frappé les gens de ce pays ? » se dit-il en se retrouvant dans une solitude complète, plus affamé, plus inquiet que jamais ; et il reprit paisiblement sa marche.

Enfin, à la chute du jour, il arriva vers un groupe de deux ou trois huttes désertées, comme toutes celles qu’il avait rencontrées jusqu’alors. Épuisé de fatigue, ainsi que son cheval, le voyageur résolut de faire halte dans cet endroit pour y attendre les renforts que l’officier avait promis de lui envoyer.

Un large hamac de fil d’aloès semblait tout exprès pour lui suspendu à sept ou huit pieds au-dessus du sol, entre deux hauts tamariniers. Comme la chaleur était encore étouffante, au lieu de s’enfermer dans l’une des cabanes, Lantejas dessella son cheval pour qu’il pût paître en liberté ; puis, à l’aide du tronc de l’un des arbres, il grimpa dans le hamac, où il s’accommoda de son mieux.

La nuit, était venue sur ces entrefaites, et, l’estomac tiraillé par la faim, l’étudiant se mit à prêter attentivement l’oreille, aux bruits qui pouvaient lui annoncer l’approche du secours qu’il espérait.

Ce fut d’abord un silence profond, car la nature s’endormait autour de lui ; mais, au lieu des pas de cheval qu’il cherchait à entendre, le silence solennel du soir ne fut bientôt troublé que par les plus étranges rumeurs.

C’était une explosion continue, sourde comme le tonnerre encore lointain ; d’autres bruits s’y mêlaient, semblables aux grondements de la mer dans une tourmente. Parfois aussi, quoique l’air fût calme, le voyageur croyait entendre mugir les vents déchaînés et des hurlements rauques se joindre à ses concerts étranges. Saisi d’une terreur sans nom, il écoutait ces sifflements du vent, ces