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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/458

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lui offrait don Lucas, dans l’histoire de qui il avait à peine marqué, et qui lui payait plus que sa dette en fournissant à ses plus urgentes nécessités.

Don Rafael, uni à la femme qu’il avait si longtemps désirée, était au comble de ses vœux. Son serment de combattre sans relâche l’insurrection mexicaine l’obligeait à rester au service. Le grade de général qu’il avait obtenu, quoique tardivement, était la récompense bien méritée de sa bravoure et de son dévouement à la cause royale. Les hasards de la guerre avaient épargné sa vie, qu’il lui eût été si douloureux de perdre maintenant qu’il pouvait, à de certains intervalles, comme le marin après de longues et périlleuses navigations, aller goûter dans son hacienda del Valle les trop courts instants de félicité que Gertrudis lui tenait en réserve.

Peu de jours avant la dernière défaite de Morelos, Arroyo, qui depuis trop longtemps jouissait de l’impunité de ses crimes, avait été assassiné par un des bandits de sa guerilla.

On croyait l’insurrection anéantie. Délié dès lors de son serment, le général Tres-Villas quitta le service.

Mais la tranquillité qu’avait ramenée presque partout le rétablissement de l’autorité royale n’était qu’une trompeuse apparence ; l’insurrection, comprimée pour un moment, devait éclater de nouveau.

Morelos, par ses nombreux succès, avait appris au peuple mexicain à connaître sa force, et c’est sur cette base indestructible que devait plus tard s’appuyer l’émancipation du pays.

Telle cette digue gigantesque[1] que, de nos jours, la main de l’homme a élevée au milieu de l’Océan pour défendre nos flottes contre la fureur des flots de la mer : plus d’une fois, avant de surgir, elle a été renversée ou ébranlée par la tempête ; mais d’énormes blocs de gra-

  1. La digue de Cherbourg.