Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/51

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— Et d’un noir aussi ?

— Sans doute.

— Dites plutôt que l’or ne servirait pas plus à un Indien qu’à un nègre, esclave tous deux, et que leurs maîtres les en dépouilleraient l’un comme l’autre, dit le noir avec découragement.

— Je le sais ; mais l’esclavage des Indiens touche à sa fin. N’avez-vous pas ouï dire que dans tierra adentro[1], un prêtre a proclamé l’émancipation de toutes les races, la liberté pour tous ?

— Non, répondit Clara en trahissant toute son ignorance des affaires politiques.

— Sachez donc que le moment approche où l’Indien sera l’égal du blanc, le créole de l’Espagnol, et où un Indien comme moi sera leur supérieur, ajouta Costal d’un air d’orgueil ; la splendeur de nos pères, va renaître, et voilà pourquoi j’ai besoin d’être riche, et pourquoi je songe à présent, après l’avoir dédaigné jusqu’ici comme une chose inutile entre les mains d’un esclave, à chercher l’or qui, dans les mains d’un homme libre, lui servira à relever la gloire de ses ancêtres. »

Clara ne put s’empêcher de jeter sur Costal un regard doublement étonné ; l’air de grandeur sauvage dont la physionomie du tigrero, vassal de l’hacienda de las Palmas, était empreinte ne le surprenait pas moins que la prétention qu’il avait de relever la splendeur de sa famille.

Ce regard n’échappa pas au chasseur de jaguars.

« Ami Clara, reprit-il aussitôt, écoutez un secret que dans l’humble condition où vous me voyez, j’ai gardé pendant un nombre d’années suffisant pour voir cinquante fois la saison des pluies succéder à la saison de la sécheresse, et que pourront au besoin vous confirmer tous ceux de ma caste et de ma couleur.

  1. Dans l’intérieur.