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chasseurs ou de Diaz. C’était au même instant à peu près où la déroute des Mexicains allait commencer.

La nuit était close quand, à environ une lieue de distance du camp, Baraja entendit le bruit d’une fusillade. Il prêta l’oreille avec inquiétude et sentit une sueur froide qui inondait son visage. Bientôt la fusillade redoubla.

Baraja s’arrêta plein de perplexité. Avancer ou reculer était également dangereux ; mais comme, à tout prendre, il était peut-être plus périlleux d’avancer, le bandit choisit la retraite. Il allait se mettre en devoir d’exécuter sa résolution, quand le bruit du galop d’un cheval qui retentissait derrière lui vint redoubler ses appréhensions.

Puis enfin une voix qui se mêla dans les ténèbres au pas cadencé du cheval porta cette appréhension jusqu’à la terreur.

Cette voix était celle de Pedro Diaz. Il n’y avait pas à s’y méprendre ; elle cria à ses oreilles :

« C’est Oroche, si je ne me trompe ? »

Pour Baraja, c’était la voix d’un mort qui en appelait un autre.

Il ne vint pas à la pensée du misérable, au milieu de son trouble, que Diaz le prenait dans l’obscurité pour Oroche, et il s’élança en avant.

Puis le galop du cheval derrière lui devint plus rapide et la voix plus menaçante. Baraja n’en fuyait que plus vite dans la direction du camp, en dépit de la fusillade.

Cependant il y eut un moment où les Indiens, qui massacraient autour d’eux les fuyards échappés au carnage du camp, offraient un si effrayant spectacle, que Baraja n’eut plus peur des morts et tourna bride. D’ailleurs, nous avons dit que les Mexicains ne sont pas superstitieux longtemps. La rencontre fortuite de Diaz, qu’il croyait tué depuis le matin, avait frappé ses esprits, ébranlés déjà par le meurtre d’Oroche. La vue