Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/111

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

m’infligerez alors d’horribles tourments, plus horribles encore, s’il est possible, que ceux qui m’attendent ici.

– J’essayerai, dit l’inconnu à voix basse ; ne dites plus rien : car ces Indiens, tout en ne faisant pas grand cas de l’or des blancs, doivent ignorer ce que vous me proposez. Chut ! on nous écoute. »

Le cercle des sauvages, impatients de commencer leur fête, se resserrait en effet autour d’eux avec de sourds murmures.

« Bon ! ajouta l’inconnu à haute voix et en indien, je transmettrai aux oreilles du chef les paroles du captif à peau blanche. »

En disant ces mots, le mystérieux personnage lança autour de lui un regard d’autorité qui fit reculer les plus acharnés, et s’avança vers l’Oiseau-Noir ; puis, quand il eût gagné le sommet de l’éminence où le chef était assis, il s’écria :

« Que pas un Indien ne touche au prisonnier, jusqu’à ce que les deux chefs aient fini de conférer ensemble. »

Un rayon d’espoir vint briller aux yeux de Baraja, et, tandis que ses tourmenteurs jetaient sur lui un regard d’impatience sanguinaire, le malheureux, le visage tourné vers l’homme dont il attendait son salut, sentait tour à tour son cœur bondir de joie ou s’éteindre dans sa poitrine. Au milieu d’un flot d’angoisses, Baraja éprouvait ces sensations dévorantes qui, dans le cours de quelques heures, peuvent faire blanchir la chevelure d’un homme. Le meurtrier avait déjà plus souffert que sa victime.

La conférence des deux chefs fut longue. L’Oiseau-Noir semblait difficile à convaincre. Du reste, aucune de leurs paroles n’arrivait aux oreilles des Indiens, et leurs gestes n’étaient pas faciles à interpréter.

El-Mestizo montrait de sa main étendue la chaîne des