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puis le fond du Canada jusqu’aux rivages de l’océan Pacifique, c’est-à-dire jusqu’à l’immense territoire de l’Orégon, conquis par les Américains du Nord, une nouvelle et singulière classe d’hommes.

Nous avons essayé de dépeindre du mieux qu’il nous a été possible les coureurs des bois et les gambusinos.

Les ancêtres de ces aventuriers, dont le Canadien et le chasseur espagnol résument les mœurs et le caractère, ainsi que les pères des chercheurs d’or, n’eurent à lutter dans le principe que contre les possesseurs légitimes des bois ou des déserts qu’ils exploraient. Aujourd’hui, leurs descendants ont à lutter contre des ennemis plus redoutables encore que les Indiens.

Les blancs qui adoptaient la vie sauvage et se faisaient renégats de la civilisation contractaient avec les races indiennes de fréquentes et passagères alliances, et ces aventuriers donnèrent naissance à une race croisée ou de sang mêlé, comme on l’appelle. Ainsi qu’il arrive presque toujours, ces métis héritèrent des vices de la race blanche en gardant ceux de la race indienne.

Maraudeurs infatigables comme les Indiens, redoutables comme leurs pères dans le maniement des armes à feu, à la fois civilisés et sauvages, parlant la langue paternelle et celle de leurs mères, toujours prêts à abuser de ces connaissances pour tromper à la fois les Indiens et les blancs, ces métis sont souvent la terreur des déserts et les plus formidables ennemis qu’on puisse rencontrer.

Joignez à ces terribles auxiliaires des Indiens les blancs que des crimes ont bannis des villes et qui trouvent dans les déserts, avec l’impunité, l’occasion d’exercer leurs plus funestes passions : tels sont les nouveaux adversaires que les chasseurs, les trappeurs et les chercheurs d’or ont aujourd’hui à combattre.

Un poëte rêveur, qui, au milieu d’une riante et tranquille solitude, contemple avec ravissement le nuage fuyant sur le ciel et la brise qui ride la surface d’un lac,