Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/125

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de la temporisation des assaillants, qui n’allaient plus tarder à se montrer.

La première pensée de Baraja avait été de conduire franchement le métis au val d’Or, et de lui en livrer toutes les richesses, trop heureux de sauver sa vie à un prix si élevé. Mais, quand la folle ivresse qu’il ressentit d’abord d’avoir échappé à un affreux supplice se fut un peu calmée, il commença à désirer d’avoir sa part du trésor, quelque minime qu’elle fût ; puis, pendant le trajet jusqu’au mystérieux vallon, l’ambition du bandit avait démesurément grossi ; dans l’impossibilité de tout garder pour lui-même, il en était venu à vouloir se réserver la plus forte part. Restait à savoir comment il parviendrait à son but avec les redoutables associés qu’il s’était adjoints.

Incrédule d’abord, El-Mestizo n’avait pas tardé, en n’écoutant que la voix de la cupidité, à laisser succéder à la défiance une conviction pleine et entière. Une fois engagé dans cette voie, la confiance devient inébranlable ; les passions fortement excitées sont toujours aveugles. Baraja le sentit, et il résolut d’en profiter.

Il ne fit donc que transposer, dans les explications qu’il fournit au métis, l’emplacement du trésor et le mettre au sommet de la pyramide. C’était dans le tombeau du chef indien, assura-t-il, que les chasseurs, qu’il fallait débusquer, avaient enfoui des monceaux d’or. C’était, du reste, tout ce qu’il fallait à Sang-Mêlé, et il n’en demanda pas davantage.

Mais, pour Baraja, il était nécessaire d’agir de ruse, afin de ne pas livrer le val d’Or aux regards profanes et aux mains impures de ceux qu’il guidait.

Telles étaient les dispositions dans lesquelles se trouvait l’aventurier, quand le parti qui marchait avec lui reçut une nouvelle recrue. C’était le sauvage chasseur blanc, Main-Rouge, le père du métis, qui avait entendu la fin de la conférence de son fils avec les Indiens. Nous