Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/126

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dirons, sans plus tarder, quel en était le but secret.

La bande avait fait halte un instant pour se reposer sous un épais massif d’yeuses, derrière lesquelles Diaz avait été aussi contraint de s’arrêter pour accorder un moment de répit à son cheval légèrement blessé.

C’était le seul endroit dans ces plaines découvertes où l’on pût faire halte avec quelque sûreté.

Ce fut donc bien malgré lui que Diaz, habitant des frontières et qui avait trop vécu avec les Américains pour ne pas comprendre l’anglais, devina plutôt qu’il n’entendit la conversation suivante :

« Eh bien, disait une voix, pourquoi n’avoir pas donné au chef indien un rendez-vous immédiat à la fourche de la rivière Rouge, puisque c’est près de là que se trouve la fille blanche dont vous voulez faire votre femme ?

– Ma femme d’un mois, voulez-vous dire. Pourquoi n’ai-je donné rendez-vous que dans trois jours au chef apache ? Parce que le chien de blanc qui nous guide m’a promis un trésor près d’ici, au pied du sépulcre indien, et que je veux l’or d’abord, puis la fille du lac aux Bisons après. Cela vous suffit-il ? »

Diaz n’entendit pas ce que répondit Main-Rouge à son fils. Ce dernier reprit :

« Allez, vieillard, c’est moi qui vous le dis, c’est une heureuse campagne que celle qui vient de s’ouvrir ; et, grâce à qui ? Me le direz-vous, vous qui ne saviez, avant que j’aie été en âge de vous seconder, qu’assassiner vulgairement quelque trappeur isolé pour lui voler de misérables trappes ? »

Main-Rouge gronda quelques mots à la façon d’un tigre que son gardien a dompté.

« Oui, interrompit en ricanant le rénégat, deux honnêtes et pacifiques Papagos, qui ont suivi sa trace jusqu’au lac aux Bisons… »

Ici les voix cessèrent de se faire entendre distinctement.