Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/128

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Prenez garde de nous tromper, s’écria le vieux Main-Rouge, d’un air de sinistre menace, car je ne vous laisserai pas sur le corps une seule lanière de votre peau.

– Soyez sans crainte, répondit le Mexicain ; mais par quel côté voulez-vous attaquer les gardiens du trésor, si ce n’est du haut de ces collines ?

– En effet, dit Sang-Mêlé ; quand le jour viendra et dissipera ces brouillards, nous planerons sur eux comme l’aigle au-dessus de sa proie. »

Toute la troupe allait s’engager dans l’étroit chemin indiqué par Baraja, quand l’un des Apaches, courbé sur la terre pour examiner des traces que le sable avait conservées, poussa une exclamation et appela deux de ses camarades près de lui.

« Quelle est cette empreinte ? dit-il.

– Celle de l’Aigle des Montagnes-Neigeuses, répondirent à la fois les deux Indiens, en désignant ainsi le chasseur canadien.

– Et celles-ci ?

– Celle de l’Oiseau-Moqueur, et celle du jeune guerrier du Sud. »

C’étaient les noms donnés par les Indiens, pendant le siège de l’îlot, à Pepe et à Fabian.

« Bon, dit l’Apache, j’en étais sûr aussi. »

Puis, s’adressant à Sang-Mêlé :

« El-Mestizo, poursuivit-il, gardera pour lui les cailloux d’or ; les Apaches combattront pour les lui conquérir, et à son tour il combattra pour ses frères. Le sang de nos guerriers crie vengeance. Leurs meurtriers sont là-haut, et il nous faut leur chevelure. Onze guerriers ne se battront qu’à cette condition.

– N’est-ce que cela ? répondit Main-Rouge avec un affreux sourire ; les Apaches auront les chevelures qu’ils demandent. »

Ce marché conclu, les deux écumeurs du désert firent