Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/129

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signe à Baraja de les précéder, et commencèrent à gravir le sentier, tandis que les Indiens se répandaient dans la plaine pour surprendre les chasseurs, s’ils avaient l’imprudence de quitter leur forteresse.

« Nous sommes à présent en face de la pyramide, dit Baraja quand, après une demi-heure de marche environ, ils furent arrivés à l’espèce de soupirail d’où s’élançait la cascade. »

Mais les flots de brouillard épais cachaient l’asile des trois chasseurs, et les yeux des Indiens, ainsi que ceux du père et de son fils, firent de vains efforts pour percer ce nuage.

« La brume qui enveloppe ces montagnes ne se dissipe jamais, même de jour, vous le savez comme moi, dit Main-Rouge à Sang-Mêlé, et du diable si dans une heure d’ici nous y voyons plus clair. Puisqu’il faut des chevelures à ces chiens d’Indiens

– Vieillard, interrompit le métis d’un ton de menace, n’oubliez pas que j’ai du sang indien dans les veines… car je vous en ferais ressouvenir.

– C’est bien, répondit brusquement le père sans se choquer autrement du ton de son digne fils, auquel il était accoutumé. Je dis que, puisqu’il faut des chevelures à ces Indiens, nous devons chercher un autre endroit pour les leur donner. »

Ce dialogue avait eu lieu en anglais, langue maternelle de Main-Rouge, natif de l’Illinois, d’où ses crimes l’avaient forcé de fuir, et ni les Indiens ni Baraja n’en avaient compris un mot.

« J’en trouverai un, reprit Sang-Mêlé : ayez seulement l’œil sur ce drôle, » ajouta-t-il en désignant le Mexicain.

Puis il gravit la voûte de la cascade.

Quand il fut à quelque distance, l’Américain, laissant tomber sa lourde main sur l’épaule de Baraja, lui dit en mauvais espagnol : « Le fils d’une louve indienne va