Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/130

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trouver sans doute un endroit plus favorable que celui-ci pour nous procurer l’or que vous nous promettez, l’ami. En attendant nous allumerons du feu sur cette hauteur, et la clarté qu’il répandra, perçant à travers ce brouillard, indiquera aux trois renards que nous voulons traquer qu’il y a là un autre parti qui les surveille. »

Sans perdre de vue le Mexicain, dont il se défiait, il s’écarta un instant de lui pour faire allumer le feu près de la cascade, laissant Baraja fort alarmé à l’idée que le métis pouvait choisir pour commencer l’attaque les rochers qui dominaient le val d’Or.

Telle était la cause du retard dont s’étonnaient les trois chasseurs, immobiles et silencieux au sommet de leur forteresse.

Comme il arrive presque toujours, c’était au moment où le péril grossissait autour de lui et de ses deux compagnons que Bois-Rosé se flattait le plus complaisamment de dissiper l’orage qui l’avait un instant effrayé.

« Au lieu de nous décider à capituler, dit Pepe en rompant le premier le silence, il eût mieux valu fuir de suite ou envoyer une balle dans la tête de chacun des deux Indiens cachés derrière la carcasse du cheval. Cela tranchait la position, car les moyens termes sont toujours dangereux.

– Peut-on quitter un poste comme le nôtre pour se lancer au hasard au milieu des ténèbres, dans un endroit où chaque pli de terrain, chaque buisson peut recéler un ennemi, où les Indiens semblent apportés sur les ailes du vent ? répondit Bois-Rosé. C’eût été courir à une perte certaine. Notre position n’en est que plus nette. Ou nous capitulerons honorablement, ou nous nous défendrons jusqu’à la mort ; mais nous allons savoir bientôt à quoi nous en tenir ; les coquins ne songent plus à cacher leur présence : voyez ce feu là-haut. »

Pepe suivit le doigt du Canadien ; au sommet de la