Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Une légère teinte dont commençait à se colorer l’orient annonçait que l’aube du jour ne tarderait pas à paraître.



CHAPITRE IX

MAIN-ROUGE ET SANG-MÊLÉ.


Les trois assiégés ne perdirent pas de temps à faire leurs dernières dispositions de combat. Toute idée de capitulation était désormais abandonnée.

« Vaincre ou mourir ! Vous savez comme moi, Bois-Rosé, dit Pepe en renouvelant l’amorce de sa carabine pendant que ses amis prenaient la même précaution, qu’il est bien plus dangereux de capituler avec ces bandits que de leur livrer bataille. On abandonne sur la foi des traités une excellente position ; nous, par exemple, nous descendrions dans la plaine, et là, au moment où nous nous y attendrions le moins, nous pourrions nous trouver entourés, égorgés et scalpés en un clin d’œil.

– Au cas où le manque de vivres nous y forcerait, une sortie ! s’écria le Canadien. Mais que ce ne soit qu’après avoir si bien éclairci leur nombre, que du diable s’il en reste assez pour nous entourer.

– Il est vrai que nous avons peu de vivres, dit Pepe en fronçant stoïquement le sourcil, et j’avoue que j’ai toujours trouvé dur de se battre toute une journée sans avoir le soir une bouchée de chose quelconque à se mettre sous la dent. Toutefois j’ai fait déjà au service de Sa Majesté Catholique un rude apprentissage de la faim, et depuis j’ai continué mes études à ce sujet, et vous aussi, Bois-Rosé ; don Fabian seul n’y est pas accoutumé.

– J’en conviens, dit vivement Bois-Rosé, toujours