Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/135

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gnant au corps, ne vînt à leur ôter ce seul et précieux moyen de défense. Leurs sacs de peau renfermant les balles et les vivres furent placés au même endroit et recouverts de pierres.

Ces dispositions faites, tout en jetant à chaque instant les yeux sur le sommet des rochers qui faisaient face à la plate-forme de la pyramide, le Canadien et Fabian se couchèrent derrière les pierres plates qu’ils avaient dressées devant eux, leur carabine à leur côté, et Pepe s’agenouilla derrière le tronc des deux sapins ; puis tous trois attendirent le commencement des hostilités.

Ce moment était d’autant plus critique que les assiégés ne pouvaient encore savoir ni à quels ennemis ni à quel nombre ils allaient avoir affaire. Tout ce qu’ils pouvaient confusément distinguer à travers les meurtrières de rochers qui les abritaient, c’était un mouvement presque incessant des bouquets de buissons qui couronnaient l’espèce de rempart en face du leur.

On devine que le métis n’avait pas eu de peine à trouver ce poste si avantageux pour l’attaque, quoique moins élevé que la pyramide. Il était donc venu, au grand effroi de Baraja, dont l’inquiète sollicitude pour son trésor était toujours en éveil, prendre position avant le jour au-dessus du val d’Or.

L’aventurier éperdu s’était empressé de jeter ses regards au-dessous de lui. Quelle n’avait pas été sa surprise en voyant que, comme la main d’un amant jaloux qui voile à tous les yeux les trésors de beauté dont il est épris, une main inconnue avait éteint sous un voile de branchages les lueurs scintillantes que naguère renvoyait le vallon !

Baraja remercia de nouveau son bon ange de cette faveur signalée, et chercha dans son esprit le moyen de se glisser dans le val d’Or, afin d’en rapporter au métis le prix convenu pour sa rançon, sans en trahir la source presque inépuisable.