Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/148

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avec lui, que toute force et toute protection viennent d’en haut ; « mais que votre volonté soit faite. »

Puis, s’adressant à Pepe avec plus de calme qu’il n’en avait ressenti jusqu’alors :

« Vous qui aimez les positions nettes et précises, vous devez être satisfait. Il est clair qu’outre la possession du trésor, les coquins veulent encore celle de nos corps, et vous savez dans quel but.

– Oui, pour nous octroyer l’amitié du chef au noir plumage, la fleur de ses chasses et les plus belles de ses femmes, autrement dit scalpés vifs, écorchés et brûlés. La position n’est pas ambiguë, c’est vrai.

– Le combat sera long, acharné ; Fabian, mon enfant, la haine de l’homme qui veut prendre son ennemi vivant est plus terrible que celle de l’homme qui ne veut que le tuer, nous le savons. Il faut donc, continua le Canadien, que nous redoublions de prudence et de sang-froid ; il faut que chacun de nous ne tire qu’à coup sûr ; il faut surtout, Fabian, que vous soyez d’autant plus avare de votre vie que vous l’avez consacrée tout entière à un vieillard dont vous êtes la joie dans le présent et la bénédiction dans l’avenir, et que cette vie ne vous appartient plus : elle est mon bien. Vous me le promettez ?

– Mais notre vie n’est pas menacée pour le moment, puisque, dites-vous, on ne veut nous prendre que vivants, répliqua Fabian.

– Vivants ? je n’en ai nul souci, dit Bois-Rosé. Fussions-nous tous les trois blessés à mort, il nous resterait toujours assez de force pour nous précipiter dans ce gouffre, et y trouver un sort bien doux, en comparaison de celui qui nous attendrait si nous étions prisonniers. Les coquins n’ont pas pensé à cela.

– Il y a encore autre chose, don Fabian, ajouta Pepe. Ces écumeurs des Prairies n’ont pas le même intérêt que leurs alliés. Ils veulent de l’or avant tout, et