Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/155

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position horizontale. Ah ! poursuivit Bois-Rosé, les coquins ont fait retomber les pierres sur leurs cachettes. Prenez note de cela, et si, à la nuit close, les renards n’ont pas quitté leur terrier, nous pourrons tous deux aller écraser ces vermines. »

Tout en parlant ainsi, le Canadien ne perdait pas de l’œil l’endroit où le feu avait été allumé sur les hauteurs. Il n’était guère visible qu’à une colonne de fumée qui s’échappait à travers le brouillard.

De son côté, par l’étroite embrasure des pierres qui les protégeaient, Pepe pouvait, sans changer de position, laisser tomber ses regards sur le val d’Or.

Pour la première fois depuis des siècles sans doute, le soleil ne mêlait plus ses rayons dorés à l’or du riche vallon, caché sous les branches déjà flétries.

« Je ne m’étais pas trompé, comme vous voyez, dit Pepe à Fabian, en affirmant que ce mauvais drôle de Baraja n’avait pas révélé à ses alliés le véritable gîte du trésor ; sans cela, nous verrions ce métis et ce renégat essayer de se glisser dans le vallon, ou tout au moins y jeter des regards curieux. Ce serait une occasion superbe de leur mettre du plomb dans la tête. De plus honnêtes gens qu’eux, je puis le dire, n’ont pas échappé à cette fascination de l’or étalé là par monceaux. Décidément j’ai eu tort de l’avoir dérobé à leurs regards. Mais que diable peuvent-ils machiner si longtemps, ces démons de l’enfer ? Je voudrais pouvoir le deviner, continua l’Espagnol, non sans inquiétude.

– Peut-être se décideront-ils à monter à l’assaut, et attendent-ils la nuit pour le livrer, répondit Fabian.

– Quoique nous ignorions leur nombre, ce serait à désirer. »

Un incident vint interrompre les réflexions de Pepe.

Deux raies de feu sillonnèrent l’enveloppe de vapeur étendue devant les yeux du vieux chasseur, et la double explosion n’était pas encore parvenue à ses oreilles, que