Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/161

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qu’ils regrettaient, et dont l’existence serait pour lui désormais inutile.

Le malheureux tremblait à la fois pour sa vie et pour son trésor.

« Écoutez, Visage-Pâle, dit enfin le métis avec tout l’orgueil de la race indienne, Main-Rouge et moi nous avons voulu jusqu’à ce moment, en abandonnant les Indiens à leurs seules ressources, leur laisser sentir qu’ils ne sont ni de force ni de taille à lutter contre ces trois blancs ; mais le moment approche où nous allons faire voir à ces coquins la différence qui existe entre des milans et des aigles. N’est-ce pas vrai, ce que je dis là ? ajouta Sang-Mêlé en répétant en anglais à Main-Rouge ce qu’il venait de dire à Baraja.

– Assurément, répondit le vieux renégat blanc avec un sourire féroce, mon fils et moi nous assisterons au supplice de l’insolent drôle qui veut jeter notre langue aux corbeaux. »

Sang-Mêlé continua :

« Bien avant que le soleil soit couché, dit-il en le montrant, ces trois chasseurs désarmés imploreront ma pitié ; mais mes oreilles seront sourdes, ne l’oubliez pas, l’ami. »

Baraja s’inclina silencieusement et le cœur serré.

Le métis lança au Mexicain un regard farouche, et reprit :

« Si donc alors je m’aperçois que vous m’avez trompé, si là-haut je ne trouve pas le trésor que vous m’avez promis, les tourments auxquels je vous ai soustrait, les tortures qu’endureront ces chasseurs, seront douces comme la rosée du ciel après un jour brûlant, en comparaison du supplice que je vous infligerai…, moi-même.

– Quoi ! s’écria alors avec angoisse le malheureux Mexicain, dont tous les nerfs tressaillirent au seul souvenir du sort qui l’avait un instant menacé entre les mains des Indiens, si par hasard ce n’était pas là-haut