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gage indien, je me ferai un devoir de jeter vos cadavres dans le gouffre de la cataracte, et du diable si on est tenté d’y aller chercher vos chevelures. »

Baraja cependant était resté spectateur muet sans rien comprendre de tout ce qui venait de se passer. La langue indienne était de l’hébreu pour lui, et il cherchait vainement à deviner l’intérêt que les Apaches prenaient à cette partie d’osselets, improvisée au milieu des opérations du siège de la pyramide.

Deux sentiments luttaient en lui et l’absorbaient tout entier : la peur et la cupidité semblaient à l’envi obscurcir ses facultés. Vingt fois la peur lui conseilla d’avouer au métis que le trésor qu’il convoitait était presque à sa portée, et autant de fois la cupidité étouffa la parole sur ses lèvres. Puis enfin il prit le parti de ne rien dire.

Une idée qui à ses yeux conciliait tout vint luire à son esprit. Si les Indiens s’emparaient de la pyramide du Sépulcre, comme leur nombre le donnait à supposer, pendant que le métis et l’Américain en exploreraient le sommet, il lui serait facile, en ayant l’air de chercher aussi, d’entrer dans le val d’Or et d’y prélever une dîme suffisante pour s’indemniser de ses terreurs et de ses frais de campagne.

Mais il fallait s’assurer si les branches répandues sur la surface du vallon cachaient toujours son secret, et, quoique ce fût une dangereuse tentative, il se résolut à la faire.



CHAPITRE XII

OÙ ENFIN BARAJA N’A PLUS RIEN À ENVIER À OROCHE.


On connaît maintenant la cause du long silence qui règne sur la chaîne de rochers et les embûches qu’il re-