Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/177

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– Plaise à Dieu que vous ne vous trompiez pas ! car le jour de demain, sans compter l’obscurité, n’amènerait que de nouveaux périls. Ce coquin que nous venons d’étendre sur son lit d’or a conduit vers nous ces deux bêtes féroces, Main-Rouge et Sang-Mêlé, ainsi que ses alliés, dans le but seul de s’emparer du trésor, et sans savoir qu’il était gardé par les trois guerriers de l’îlot de Rio-Gila. Il est probable que l’Oiseau-Noir suit, à l’heure qu’il est, la trace de ceux qui lui ont tué tant de soldats ; demain sans doute ils se joindront tous ici contre nous.

– Le rempart de peaux de buffles vient de remuer, dit Fabian en interrompant Pepe dans ses suppositions vraisemblables, puisque nous savons que l’Antilope était chargé par l’Oiseau-Noir de retrouver la trace des trois chasseurs. J’ai vu, ajouta-t-il, s’agiter aussi derrière cet amas de manteaux les rubans rouges qui ornent la tête de Sang-Mêlé. »

Depuis le côté du rocher qui s’appuyait sur le flanc des Montagnes-Brumeuses, où, à l’abri de leur bouclier de manteaux, Main-Rouge et Sang-Mêlé s’étaient agenouillés, jusqu’à l’endroit où leur déclivité touchait la plaine, l’oeil des assiégés ne laissait pas un pouce inexploré. Mais, pour atteindre un ennemi dans cette dernière partie des rochers, la carabine des chasseurs devait forcément se diriger en ligne oblique, et le tireur en allonger le canon au delà de la surface extérieure des meurtrières, quoique sans se découvrir lui-même.

« Vive Dieu ! s’écria tout à coup Pepe à voix basse, voilà un Indien qui est las de vivre, ou qui veut aussi pousser une reconnaissance au milieu du val d’Or. »

Il montrait en même temps de la tête la main d’un Indien écartant avec précaution des buissons qui bordaient la chaîne de rochers à l’extrémité vers laquelle ils se joignaient à la plaine.

« Reculez-vous un peu vers la droite, dit précipitam-